La sortie en salle de « J’accuse » a suscité controverses et débats suite aux accusations portées à l’encontre de Roman Polanski.
Il ne s’agit pas ici de prendre position dans des débats concernant l’homme et l’artiste. Débats, par ailleurs anciens, et malheureusement récurrents puisque l’on pourrait citer des écrivains, acteurs et autres artistes compromis à des moments tragiques de l’Histoire. 

J’accuse de Roman Polanski avec Jean Dujardin, Grégory Gadebois, Louis Garrel et Emmanuelle Seigner. (2019).
La mise en scène est impeccable. Les interprétations de Jean Dujardin et Grégory Gadebois sont remarquables.
Pour qui s’est déjà intéressé à « l’affaire Dreyfus », « J’accuse » (d’après le titre de l’article d’Emile Zola publié dans le journal « L’Aurore » le 13 janvier 1898), de Roman Polanski, laisse un sentiment de malaise.
Car outre le fait des reproches que l’on a pu faire à Roman Polanski d’utiliser ce film pour se défendre des accusations portées à son encontre, « J’accuse » s’intéresse essentiellement au rôle du lieutenant-colonel Marie Georges Picquart et on peut regretter que Mathieu Dreyfus, « le frère admirable » et des « dreyfusards » ardents comme Georges Clémenceau n’y apparaissent que quelques instants.
A travers le lieutenant-colonel Picquart, Roman Polanski décrit la France de cette fin de XIXe siècle et l’état d’esprit régnant dans l’Armée au prestige intact et à l’esprit revanchard à la suite de la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine.
Le rôle de Marie Georges Picquart dans la recherche de la vérité et les risques encourus par lui sont incontestables. Mais cette recherche est-elle motivée par le souci de disculper Alfred Dreyfus ou de défendre l’Honneur de l’Armée ?
Toute l’ambiguïté du personnage se révèle dans cette question et dans les dernières scènes du film qui appellent plus particulièrement à réflexion.
Alfred Dreyfus sera définitivement disculpé le 12 juillet 1906. Les antidreyfusards obtiendront leur revanche à partir de juillet 1940…
Pour ceux qui voudraient s’intéresser davantage à cette affaire, on peut conseiller « L’Affaire » de Jean Denis Bredin (Julliard 1983) et « Le faux ami du capitaine Dreyfus. Picquart, l’Affaire et ses mythes » de Philippe Oriol (Grasset Octobre 2019).